Mon cher ami le grand arbre, pourrais tu s'il te plaît nous éclairer sur vos conditions de vie, à toi et tes semblables, au sein de la capitale Française de la biodiversité ? Car en ce temps d'automne, tu te découvres et resurgis alors la question de ta légitimité, ou pas, sur les avenues bétonnées.

Il est écrit que l'on peut être urbaine et s'écrire au naturel. Que l'on peut également être industrielle et s'écrire au naturel. Mais en plus, être portuaire et s'écrire au naturel. Qu'en penses tu, toi qui vit, respire, se développe de tes racines jusqu'à ta cime dans ce milieu ? Tu me dis, qu'il est incroyable de penser que l'urbain, l'industrie et le portuaire puisse s'inscrire au naturel. Car dans ce cas, tu n'aurais plus lieu d'être. Tu ne serais alors qu'un objet d'esthétisme, servant à l’embellissement d'un milieu. Mais que l'on peut faire cohabiter l'urbain, l'industrie et le portuaire, avec la nature. Car comme tu aimes le souligner, le naturel n'est la nature. Mais tu as conscience que l'Homme, parfois, souvent, essaie de s'approprier la nature, d'en être le propriétaire, de la canaliser, de l'enfermer. Dans ce cas, la nature n'est plus. Elle meurt. Et c'est ce qu'il t'arrive, cher arbre. Ton environnement naturel, n'est pas d'être en ville, à essayer vainement de filtrer l'air des voitures, des usines, à subir des élagages forcés et répétitifs qui te blessent et qui usent ta santé. Mais tu reste de marbre, toujours aussi fièrement levé vers le ciel, abritant toute une vie, des insectes aux oiseaux.

Au final, tu n'es qu'un objet parmi tant d'autre. A l'image de ton voisin le lampadaire, qui cassé ou subissant de nouvelles normes esthétiques, sera remplacé. Toi tu seras abattu, coupé, car tu devient trop dangereux (à cause des effets de l'Homme sur toi), tu ne conviens plus à une réhabilitation d'un centre ville. Bien sur, tu seras remplacé par un autre congénère, une autre espèce, plus adapté, moins contraignante. C'est cela s'inscrire au naturel, choisir une nature et l'adapter à ses besoins, ses envies. Jusqu'au moment où on décide de la changer. Ainsi, l'Homme ne s'adapte pas à la nature, c'est la nature qui doit se plier et s'adapter. A Dunkerque, être capitale Française de la biodiversité, c'est dans notre nature. Si seulement mon ami l'arbre pouvait parler...

L'arbre qui cache la forêt

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